Nous sommes arrivés sous la pluie à Potosi, le
ville de 100 000 habitants la plus haute du monde, 4090 mètres d'altitude (même
Lhassa est battue)!
Potosi a participé à l'enrichissement massif de
l'Espagne et de toute l'Europe pendant trois siècles grâce à la découverte de
la mine d'argent la plus importante de la planète. A tel point qu'en 1560
Charles Quint éleva Potosi au rang de ville impériale (la seule d'Amérique latine
à posséder cette distinction). Pendant trois siècles l'exploitation du Cerro
Rico (la montagne riche) a permis d'extraire de l'argent, mais aussi de l'étain, du cuivre et beaucoup
d'autres métaux.
A la grande époque, la ville était aussi
importante que Paris ou Londres. Désormais, c'est toujours une grande ville
mais les mines ne sont plus très rentables et la misère a gagnée la périphérie
de la ville.
Nous avons passé notre première journée à
visiter la ville, les bâtiments coloniaux sont partout dans le centre
ville ! Nous nous sommes aussi mis dans l'ambiance en déjeunant au marché
centrale...on était bien les seuls touristes. Le plat de résistance :
poulet, riz, pomme de terre et petite salade est donc à 10 bolivianos soit 1
euros ! Le centre ville est très sympathique.
En fin d'après-midi, nous avons fait une visite guidée très
enrichissante en français de la Casa de la Moneda. C'est le plus important
bâtiment civil colonial des Amériques. Ici, au XVIème siècle, étaient frappées
les pièces en argent pour l'Espagne et ses colonies et ensuite pour la Bolivie
jusqu'en 1953. Sur toutes les pièces en circulation on pouvait donc voir les
initiales de Potosi (PTS superposés). On se rend compte ici à quel point cette
ville fût riche et comment les Espagnols ont exploité les sous sols.
Le lendemain matin, visite d'un couvent de
carmélites ! C'était un peu long mais intéressant de visiter cette prison
dorée où les jeunes filles de notables rentraient vers 15 ans avec une grosse
dot et ne ressortait plus jamais de leur vivant car elles sont enterrées dans
le couvent même !!
L'après-midi, nous sommes descendus dans les
mines, à la rencontres des « mineros ». C'est une visite nécessaire à
la compréhension de la vie ici, tout tourne autour des mines (et maintenant du
tourisme qui en découle). Ici, pas de machines, seulement des hommes qui
travaillent jours et nuits, tous les jours pour certains, dans les mêmes
conditions qu'au temps de Germinal ! L'extraction rapporte peu, et la
plupart des mineros survivent de leur labeur.
Contrairement au discours de l'agence, les
mineros boivent et fument beaucoup pendant leur travail en plus que tout ce
qu'ils inhalent déjà de toxiques ! Ils chiquent aussi de la coca, pour
tenir le coup.
La visite commence d'abord par l'achat de
« cadeaux » pour les travailleurs : un sachet de feuilles de
coca, une bouteille d'alcool à 96° (et on a goûté, c'est affreux on dirait du
dissolvant !), un bâton de dynamite, une bouteille de soda...voilà ce que
nous allons distribuer au cours de notre visite !
Nous visitons en premier lieu le labo, là ou
les minerais sont séparés avec des produit chimiques. C'est très artisanal et
vu l'odeur on se dit que les vapeurs ne doivent pas arranger la santé.
Nous descendons ensuite avec un guide, ancien
mineur qui a pioché dans les entrailles de la montagne pendant 5 ans. Il s'est
maintenant reconverti pour sa santé nous dit il..mais l'attrait touristique y
est aussi pour quelque chose.
Nous sommes équipés de blouse, pantalons,
bottes ainsi que d'un casque et d'une frontale et nous nous mettons en file
indienne pour suivre les rails des chariots remontant les différentes galeries.
Il fait noir et nous avançons dans la boue,
parfois pliés en deux dans les galeries ! On croise 3 mineurs qui
remontent un chariot plein...environ une tonne de minerai a remonter en
poussant et tirant le chariot ! On distribue un peu de coca, une bouteille
de soda, les mineurs nous remercient et reprennent leur labeur. On s'enfonce un
peu plus dans la montagne, notre guide nous montre un filon d'argent, il n'en
reste plus beaucoup. Puis on recroise encore une équipe, distribution de
« cadeaux », on continue.
On emprunte ensuite plusieurs échelles
consécutives pour grimper de plus de 10 mètres jusqu'au niveau supérieur. C'est
très impressionnant, Pedrito (notre guide) nous dit de ne pas regarder en haut
à cause des poussières mais regarder en bas donne la frousse donc on s'est
concentré sur chaque barreaux boueux ! Arrivés là haut, on tombe devant le
Tio !
Le Tio, c'est le dieu de la mine ! Il
s'agit d'un homme, avec une allure de diable, qui possède des attributs très
impressionnants « c'est pour rentrer dans la Pachamama (la Terre Mère,
croyance païenne) ».
Une équipe s'assied avec nous et on partage 30
minutes avec eux, à en apprendre plus sur les conditions de travail, le Tio et
leur fierté de faire ce métier pourtant si dur et ingrat. La plupart des
mineurs ne parlent uniquement le Quechua donc les deux guides font la
traduction. Ils ont les joues déformées car pleine de feuilles de coca !
Des histoires circulent de mineurs millionnaires..mais personnes ne sait mettre
un nom sur ces gens ! Peut être un moyen de garder l'espoir de faire
fortune dans cet enfer. Le guide nous explique qu'aucun mineur ne se plaindra
de ses conditions, même si chacun sait qu'une vie meilleure peut exister. On
fait quelques offrandes au Tio (une cigarette, quelques gouttes d'alcool sur le
sol) et on repart dans les galeries. Il n'y a soit disant plus d'enfant dans
les mines sauf ceux qui aident leurs pères pendant les vacances. On croisera un
ado qui devait avoir 13 ans, pas plus et un autre de 18 ans qui travaillent
depuis 2 ans dans les mines. On ressort au bout de deux heures, contents mais
sans savoir trop quoi penser de tout ça.
On ne regrette pas cette expérience mais
beaucoup de questions se pausent car les discours varient entre les personnes
et au vu des conditions. En tout cas on comprend que cette mine est assez
unique, non seulement car la technologie n'est pas présente mais aussi car les
personnes qui y travaillent ne veulent pas s'arrêter.
La majorité des mineros vont développer des
maladies respiratoires et mourront plus tôt que les autres. Il n’empêche que
cette ville et la région tout entière dépend du Cerro Rico et que personne ne
conçoit l'arrêt des exploitations.
Qu'en penser, aucun de nous 4 n'a un avis
tranché sur le sujet. On se dit simplement que l'on a reversé un peu d'argent à
ces gens et que Potosi est un endroit qui en a besoin.
Bonne douche en rentrant, avant de se faire une
petite soirée resto hyper sympa et bien arrosée ! On est dans la ville la
plus haute du monde, ça se fête. On a enfin goûté la viande de lama et résultat
c'est délicieux, le tout accompagné de quinoa et arrosé de bière et de
caipirinha! Un régal !
Le lendemain matin départ à 11h pour 3h de bus
direction Sucre !
cathedrale de Potosi sur la place principale |
La Casa de la Moneda |
Nos repas bon marche et authentique au comedor popular |
Oui le temps n'est pas toujours avec nous! |
pares pour descendre dans l'enfer du Cerro Rico |
Pedrito, notre guide ex-mineros |
Labo pour separes l'argent du minerai brut |
La Plata (argent) |
Le fameux Cerro Rico |
L'entree de la mine, aglagla! |
Les mineros en plein travail |
L'impressionnant Tio! |
Pause papote, alcool et coca avec les mineurs |
Enfin ressortis de l'autre cote sains et saufs! |
Expérience "enrichissante" tout le monde n'a pas une vie dorée cela donne à réfléchir. C'est sur qu'il fallait se rendre compte des conditions de travail de ces mineurs. Bonne continuations sur d'autres horizons. Bisous à vous deux. Mam
RépondreSupprimerencore de très belles photos , ne bouge pas Carole arrive avec le CHSCT !! j'imprime est dans le classeur au bureau , il commence à être assez volumineux ,aviez vous un plan de prévention en tant que sous traitant ? cela fait vraiment plaisir de vous suivre. bise à vous 2 , Jean-Claude
RépondreSupprimerSalut Jean-Claude! Merci pour ce soutient invétéré. En ce qui concerne les PdP, désolé on est passé outre!! Bon courage pour cette fin d´année et bonnes fêtes.
RépondreSupprimercoucou
RépondreSupprimerpauvres mineurs.......
à bientôt de vous lire
je vous embrasse